jeudi 12 avril 2007

RIP Le Parisien (1917-2007) (deuxième partie)

Le cinéma Parisien était comme une vieille tante souffrant d'un cancer en phase terminal: la question n'était pas s'il pouvait survivre, mais quand il allait mourir.

La réponse est tombé hier: 11 avril 2007.

Après des années de rumeurs et de spéculations, la chaîne Cinémas Fortune a annoncé la fermeture du cinéma. Le complexe aurait des nouveaux propriétaires, mais, au moment d'écrire ces lignes, les intentions de ceux-ci ne sont pas claire.

Tout au long des quatre-vingt dix ans d'ouverture du cinéma — d'abord sous le nom de cinéma Princess à partir de 1917, puis sous le nom de cinéma Parisien en 1963 — les salles du Parisien ont vu passer des kilomètres de bobines, autant des blockbusters américains que des films de répertoire français, sans oublier les films de la sélection officielle du Festival des Films du Monde.

Plusieurs anecdotes peuvent être racontés à propos de cette salle. Elle a vu Martin Scorsese présenter lui-même Mean Streets en 2003; elle a vu, en 2002, un incendie criminel allumé par un désaxé qui protestait contre la projection du film... La vérité si je mens 2 (!); le Parisien est également l'endroit où un homme visiblement dérangé a, en 2000, sacccagé une cabine de projection, puis volé les bobines du controversé film français Baise-Moi pour ensuite prendre la fuite en bicyclette, avec sous le bras les bobines qui se déroulaient au vent (!).

Cette salle a également été la scène d'une des histoires les plus fascinantes du folklore montréalais: c'est à cet endroit, en 1926, que le célèbre magicien Harry Houdini a reçu le coup de poing fatal à l'estomac qui déclencha une mortelle crise d'appendicite — thèse toutefois remise en doute par des historiens.

Est-ce que cette fermeture est une perte? Oui et non. C'est que les cinéphiles associent toujours des beaux souvenirs avec les salles, et que plusieurs personnes éprouveront une certaine bouffée de nostalgie lorsque la nouvelle sera publiée dans les quotidiens.

À titre personnel, je dois vous avouer que la nouvelle me fait un pincement au coeur: c'est dans cette salle que j'ai débuté mon odyssée dans le monde des cinéphiles, où j'y ai vu une grande quantité de film de répertoire dans ce cinéma. Il faut dire que, à l'époque, les projections en après-midi n'étaient que de 5$. Autant dire une aubaine.

Si la nouvelle est triste, elle était toutefois inéluctable.

Car, ne nous en cachons pas, cette salle n'avait rien pour elle. Elle est un désastre architectural contenant des salles mal aménagés, des sièges défoncés et vétustes, sans compter que l'atmosphère de l'endroit était aussi accueillante qu'un salon mortuaire.

Bref, la salle n'avait rien pour tenir la route contre les nouvelles salles construites à proximité — le Paramount, le Quartier Latin ou l'Ex-Centris —, et ce n'est pas sa nouvelle vocation de salle de cinéma à rabais qui allait la sauver, comme le démontre la fermeture il y a deux ans d'une autre salle ayant adopté cette même politique, le cinéma Centre Eaton.

Il est à noter que la fermeture du Cinéma Parisien fait suite à la fermeture du complexe StarCité de Ste-Foy ainsi que de la moitié des salles du cinéma des Galeries de la Capitale à Québec, eux aussi propriété de Cinéma Fortune. Cinéma Fortune, compagnie constituté à tout vitesse en 2005, a acheté des salles que le Bureau de la concurrence avait demandé à Cinéplex Divertissements de vendre afin d'approver la fusion de Cinéplex Odéon et de Famous Players. Deux ans plus tard, il semble que Cinéma Fortune, dont les propriétaires sont à la base des gestionnaires de ski, ne semblent pas avoir les reins assez solide pour s'imposer.

Est-ce que d'autres fermetures ailleurs au Québec sont donc à prévoir?

1 commentaire:

Ostide Calisse a dit...

Moi j'avais entendu dire qu'Harry Houdini avait reçu son coup de poing fatal dans ce qui est présentement le cinéma porno L'Amour sur St-Laurent.