Je vous invite à lire le dernier blogue de l'ami David sur l'attitude du public lors d'une représentation d'une pièce de théâtre chez Duceppe.
Pour avoir travaillé pour une billetterie qui vendait entre autres les billets du Théâtre Jean-Ducceppe, je n'ai aucune difficulté à croire les dires de ce blogue. Après tout, le public qui achète des billets pour le Théâtre Jean-Ducceppe est, restons poli, un public différent de ceux des autres théâtres.
Il serait toutefois réducteur de ramener cet incident à la clientèle de ce théâtre.
Car si la technologie abolit les frontières, il semble qu'elle abolit aussi les bonnes manières. Il y a dix ans à peine, le seul désagrément possible dans le lieu public était le Roger bavard et sa Géraldine de femme, dont le bavardage trop insistant et fort nous portaient à croire qu'ils se pensaient dans son salon. Mais on pouvait toujours rationaliser la chose, sans la justifier, en se disant que Roger et Géraldine ne sortait pas souvent.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Il y a certes toujours les Roger et les Géraldine, mais des urbains se mettent de la partie à l'aide des nouvelles technologies. L'espace public de 2007 est envahi par la musique techno ou hip-hop jouée à tue-tête, des sonneries de cellulaire de mauvais goût et de jeux vidéo avec une trame sonore conçue pour plaire aux plus débiles des débiles profonds.
Combien de fois vois-je dans le métro des gens — toutes catégories d'âges confondus — nous imposer leur musique sans même prendre la peine de s'acheter des écouteurs? Et encore: ceux qui portent des écouteurs écoutent leur musique à un volume si élevé que l'effet est le même que s'il n'en portait pas.
Il est vrai que le problème avec les iPod, les cellulaires ou les jeux vidéos du même acabit, c'est que la sophistication technologique de ces appareils électroniques est inversement proportionnelle au degré de civisme de ceux qui les utilisent. Mais j'ose avancer une autre hypothèse: et si ce bruit était délibéré, car indicateur de succès social?
Faire du bruit, c'est montrer que nous avons une vie remplie, occupée, que nous avons réussi à tisser des liens sociaux et culturels. À défaut de s'acheter une grosse bagnole pour impressionner, des urbains écoutent le dernier album à la mode sur un iPod Touch dernière génération d'une oreille pendant que, de l'autre, ils écoutent sur le cellulaire dernier cri ce que son ami à a dire — et ça, c'est s'il ne communique pas avec lui en SMS avec un Blackberry.
Dans notre société basée sur le succès et la performance, faire du bruit est un indicateur de succès: il sous-entend le mouvement, l'action, la capacité d'avoir une influence et une prise sur le monde.
Faire du bruit en public, c'est vouloir montrer que nous sommes importants. C'est aussi rejeter la cohésion sociale, les règles du savoir-vivre. Tout comme le télémarketing, c'est empiéter dans l'espace d'autrui de manière non sollicité pour donner une impression d'importance. Mais, dans les deux cas, le résultat reste le même: une impression que quelqu'un, quelque part, veut cacher son insignifiance dans un show de boucane.
lundi 12 novembre 2007
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2 commentaires:
Cinoche, j'aime définitivement te lire. Merci pour le lien vers mon blog... et de me lire!
Et je retiens une phrase de ton billet : "Dans notre société basée sur le succès et la performance, faire du bruit est un indicateur de succès: il sous-entend le mouvement, l'action, la capacité d'avoir une influence et une prise sur le monde."
Maudit que t'as raison.
Malheureusement, impossible de les éduquer ou même pire, de les regarder avec un air du mec qui voudrait lui arracher le baladeur et de crisser ce dernier dans la poubelle.
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