mardi 17 juillet 2007

UQAM, Dianétique et patrimoine culturel



Je ne sais pas quelle expression utiliser pour décrire cette décision de l'UQAM de vendre l'édifice La Patrie à la Scientologie, tel que l'affirme La Presse ce matin. Décision douteuse? Décision mercantiliste? Je ne crois pas qu'il existe un mot dans la langue française pour exprimer avec justesse le manque de jugement des administrateurs de l'UQAM.

En dépit du fait que l'édifice du journal La Patrie est un édifice d'une grande valeur architecturale, il peut être défendable que l'UQAM se départisse du gratte-ciel — après tout, l'UQAM a un déficit à éponger. Il est toutefois à noter que l'UQAM manque cruellement de locaux, et pourtant elle vend un joyau culturel tout près de son campus pour 4,25 millions de dollars, une somme qui ne couvrira qu'un infime fraction de son déficit anticipé de 147 millions.

De plus, elle le vend à un groupe des plus controversés — pour s'en convaincre, lire ceci, ceci, ceci et ceci. Qu'une institution telle que l'UQAM donne une vitrine inespérée en plein centre-ville à ce que des États comme la France ou l'Allemagne considèrent comme une secte dangeureuse me laisse bien perplexe.

L'article cite Nathalie Benoît, directrice de la promotion au service des communications de l'UQAM: «La question était d'avoir le meilleur prix possible et ce prix était très élevé dans la fourchette d'évaluation». Il est dommage que l'UQAM se vend ainsi au plus offrant, sans considération morale. Il me semble pourtant que c'est le rôle même de l'université d'être un modèle d'éthique. Des universités américaines et canadiennes cessent d'investir dans les compagnies de tabac ou refusent de donner des contrats à des compagnies de textiles qui opèrent des sweatshops. Il me semble que l'UQAM devrait s'inspirer de cette politique, quitte à accepter des offres moindres — car, je le rappelle, l'université reçoit un montant de 4,25 millions pour éponger un déficit de 147 millions, et ce n'est pas un ou deux millions de moins qui feront une différence notable.

Le ministre de la Culture doit mettre un holà à cette transaction, ne serait-ce que parce qu'il vaut mieux laisser le bâtiment dans les mains d'un organisme public et lui donner un budget ciblé afin de compléter les rénovations nécéssaires afin de préserver cet édifice intact. Considérant le peu de cas que fait parfois la Scientologie envers la loi, il est à craidre qu'elle défigure cet édifice et que le gouvernement, devant le fait accompli, ne capitule, comme il le fait lorsqu'un promoteur sans scrupule détruit une partie du Mont-Royal pour construire des condos.

4 commentaires:

Blogueuse Cornue a dit...

J'ai failli écrire un billet à propos de cette nouvelle, qui me dégoûte totalement, pour les mêmes raisons citées dans ton billet.

Et également parce que la vente a été faite à un groupe sectaire aux pratiques douteuses. Un haut-lieu de savoir qui cède un tel édifice à une poignées de manipulateurs sans scrupules? C'est répugnant. :-/

Alex Trakker a dit...

C'est affreux... il y a quelques années, ils auraient pu vendre ça à Raël qui aurait construit une soucoupe volante sur le toit.

Quelle honte...

Anonyme a dit...

Cette "église" se développe aussi du côté de Québec. Une acquisition dans le "nouveau" St-Roch, une vitrine immense, difficile à manquer.

Ostide Calisse a dit...

L'argent n'a pas d'odeur, plus que jamais!